Veille bibliographique - Numéro 3 - Mars 2012

Société Française des Jeunes Radiothérapeutes Oncologues

 

Voici la troisième édition de notre veille bibliographique! Les articles sélectionnés comportent de la radiobiologie, des études cliniques et une méta-analyse.

Tous les membres de la SFjRO sont invités à participer à cette veille. Vous pouvez proposer vos résumés à l'adresse contact@sfjro.fr. Pour que votre travail soit accepté, il doit être rédigé en respectant la charte éditée par la SFjRO qui se trouve à cette adresse.

Jean-Emmanuel & Olivier

TETE ET COU

Concomitant chemoradiotherapy versus acceleration of radiotherapy with or without concomitant chemotherapy in locally advanced head and neck carcinoma

Radio-chimiothérapie concomitante versus radiothérapie accélérée avec ou sans chimiothérapie concomitante dans les cancers localement avancés de la tête et du cou

The Lancet Oncology

Jean Bourhis J, Sire C, Graff P et al

Auteur du résumé : Baptiste Pichon

Contexte : La radio-chimiothérapie concomitante et la radiothérapie accélérée améliorent de façon indépendante les résultats des patients atteints de carcinomes épidermoïdes localement avancés de la tête et du cou (CETC). Cette étude évaluait l'efficacité et l’innocuité d'une combinaison de ces approches.


Matériel et méthodes : Cet essai randomisé de phase 3, en ouvert, recrutait des patients atteints de CETC stades III et IV. 839 patients ont été randomisés en 3 bras pour recevoir une radio-chimiothérapie classique (70 Gy en 7 semaines et trois cycles de carboplatine-5FU), une radio-chimiothérapie accélérée (70 Gy en 6 semaines et deux cycles de carboplatine-5FU), ou une radiothérapie très accélérée seule (64,8 Gy [1,8 Gy deux fois par jour] en 3,5 semaines).


Résultats : Le suivi médian était de 5,2 ans (IQR 4,9-6,2). La survie sans progression à 3 ans était de 37,6% après radio-chimiothérapie classique, 34,1% après radio-chimiothérapie accélérée, et 32,2% après radiothérapie très accélérée. Plus de patients avaient une mucite de grade 3-4 du RTOG dans le bras radiothérapie très accélérée (84%) que dans le bras radio-chimiothérapie accélérée (76%) ou le bras radio-chimiothérapie classique (69 %).


Implication pour la pratique : La chimiothérapie a un effet thérapeutique important administré en concomitant avec une radiothérapie. Une accélération de la radiothérapie ne peut pas compenser l'absence de chimiothérapie dans les CETC localement avancés. L’ajout de chimiothérapie à une radiothérapie accélérée augmente la toxicité sans apporter de bénéfice et ne doit donc pas être utilisée.

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HEMATOLOGIE

ABVD alone versus radiation-based therapy in limited-stage Hodgkin's lymphoma.

ABVD seul contre traitement avec radiothérapie dans le lymphome de Hodgkin de stage limité

The New England Journal of Medecine

Meyer RM, Gospodarowicz MK, Connors JM et al.

Auteur du résumé : Olivia Diaz

Contexte : Depuis près de 20ans, la polychimiothérapie de type ABVD associée à la radiothérapie (rxth) est le traitement de référence des stades localisés IA ou IIA du lymphome de Hodgkin. Bien que ce traitement permette un contrôle efficace de la maladie chez 90% des patients, il est associé à un risque de décès tardif lié au traitement.


Matériel et méthodes : Etude multicentrique, randomisée et contrôlée ouverte en janvier 1994 et fermée en Avril 2002, après l’inclusion de 405 patients atteints d’un lymphome de Hodgkin localisé IA ou IIA. Les patients ont été répartis selon leur profil de risque puis de manière aléatoire en deux groupes : chimiothérapie ABVD seule et rxth. Dans le groupe rxth, les sujets ayant un profil favorable étaient traités par rxth seule et ceux ayant un profil défavorable recevaient 2 cycles d’ABVD avant la rxth.


Résultats : La médiane de suivi est de 11,3 ans. Le taux de survie globale estimé à 12 ans est de 94% dans le bras ABVD seul Vs 87% dans le bras rxth (p=0,04). Le taux de survie sans récidive est plus faible dans le groupe ABVD seul par rapport au groupe rxth (87% versus 92%, p=0,05).


Implication pour la pratique : Cette étude est intéressante pour son suivi de 12 ans. Cependant, il est difficile d’en tirer des conclusions pouvant modifier notre attitude thérapeutique. En effet, l’utilisation de méthodes d’évaluation plus modernes comme la TEP-TDM au 18 FDG est devenue un standard. La réduction de la dose et de la taille des champs de traitement de rxth a modifié la tolérance de ce traitement. Les résultats de ce travail sont à remettre en perspective avec des études plus récentes du groupe allemand.

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OLIGOMETASTASES

Oligometastases Treated With Stereotactic Body Radiotherapy: Long-Term Follow-Up of Prospective Study

Oligométastases traitées par radiothérapie stéréotaxique : résultats à long terme d'une étude prospective

Internation Journal of Radiation Oncology*Biology*Physics

Milano MT, Katz AW, Hong Zhang H et al.

Auteur du résumé : Ingrid Fumagalli

Contexte : Les oligometastases sont un domaine d'intérêt émergeant où la radiothérapie stéréotaxique peut être proposée. Cette étude rapporte avec un recul important les taux de survie globale et de contrôle local.


Matériel et méthodes : Etude prospective sur 121 patients ayant entre un et trois organes métastatiques de tous primitifs confondus.


Résultats : Pour les primitifs d'origine mammaire, le suivi médian étant de 4,5 ans, le taux de survie globale à 2 ans retrouvé est de 74%, de contrôle local de 87% et de survie sans progression métastatique non accessible à un traitement local de 52%. Pour les autres primitifs, le suivi médian est de 1,7 an. Le taux de survie globale à 2 ans, le taux de contrôle local et le taux de survie sans progression métastatique non accessible à un traitement local étaient de respectivement 39, 74 et 28%. En analyse multivariée pour les primitifs mammaires, la présence de métastases osseuses et le nombre de métastases (une versus plus) étaient des facteurs de bon pronostic (respectivement RR=3 et RR=4).


Implication pour la pratique : La radiothérapie stéréotaxique permet d'avoir de longs survivants chez des patients sélectionnés avec des maladies lentement évolutives et oligometastatiques.

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UROLOGIE

Phase II Study of Conformal Hypofractionated Radiotherapy with Concurrent Gemcitabine in Muscle-Invasive Bladder Cancer

 

Etude de phase II de radiochimiothérapie concomitante (RCC) avec gemcitabine dans les cancers de vessie envahissant la musculeuse

Journal of Clinical Oncology

Choudhury A, Swindell R, Logue JP et al.

Auteur du résumé : Olivier Riou

Contexte : La chirurgie radicale, précédée de chimiothérapie néoadjuvante, reste le Gold Standard dans le traitement des cancers de vessie localement avancés non métastatiques. La RCC avec cisplatine (cddp) donne des résultats proches de l’approche radicale et est utilisée en cas de stratégie conservatrice. L’utilisation de la gemcitabine apparaît prometteuse pour augmenter l’efficacité et diminuer la toxicité de la RCC.

 


Matériel et méthodes : Cette étude de phase II a inclus 50 patients atteints de cancers de vessie de stade T2 et T3, qui recevaient, après résection transuréthrale de vessie, 52.5 Gy en 20 fractions associé à 100 mg/m²/semaine de gemcitabine (dose hebdomadaire recommandée en phase I) pendant les 4 semaines d’irradiation. Les objectifs principaux étaient le taux de réponse, la toxicité et la survie.

 


Résultats : 88% des patients ont eu une réponse complète. Avec un suivi médian de 36 mois, 64% des patients avaient conservé leur vessie. Le taux de survie spécifique à 3 ans était de 82%, et de survie globale de 75%. On notait cependant 2 morts toxiques après le traitement, ainsi qu’une résection intestinale et une cystectomie pour toxicité tardive.


Implication pour la pratique : L’efficacité de cette association semble intéressante, même si la RCC standard devrait inclure le cddp. Néanmoins, la toxicité de cette association devrait faire privilégier un fractionnement standard et une administration de gemcitabine à plus faible dose.

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RADIOBIOLOGIE

Evidence for formation of DNA repair centers and dose-response nonlinearity in human cells.

Mise en évidence de centre de réparation de l'ADN et de la non-linéarité de la réponse-dose dans des cellules humaines

Proceedings of the National Academy of Science USA

Neumaier T, Swenson J, Pham C et al.

Auteur du résumé : Jean-Emmanuel Bibault

Contexte : Les protéines impliquées dans la réparation de l'ADN sont recrutées dans des foci (RIF) quelques secondes après une exposition aux radiations ionisantes. La relation entre le nombre de foci induits par la radiothérapie et la dose administrée reste controversée.

 


Matériel et méthodes : Des cellules épithéliales humaines ont été exposées à des doses de radiations de 0,05 à 4 Gy (pour les doses supérieures à 2 Gy, un faisceau de particules lourdes à hautes énergies était utilisé). Les RIF ont été comptées de façon dynamique et un modèle informatique correspondant a été créé.

 


Résultats : Les cassures double-brin distantes de 1um forment des clusters de réparation. Une augmentation de la dose entraîne une augmentation du taux de formation des RIFs, mais une diminution de leur taux de disparition. Cependant, en nombre total, 15 RIF∕Gy sont formés après une exposition de 2 Gy exposure et 64 RIF∕Gy après 0,1 Gy, suggérant que les faibles doses induisent plus de cassures double-brins que les doses élevées.


Implication pour la pratique : Le modèle qui consiste à extrapoler le risque de cancer radioinduit à faible dose à partir du risque induit par les doses élevées pourrait être remis en cause à la vue de ces résultats

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SENOLOGIE

Effect of radiotherapy after breast-conserving surgery on 10-year recurrence and 15-year breast cancer death: meta-analysis of individual patient data for 10 801 women in 17 randomised trials

Bénéfice de la radiothérapie adjuvante après mastectomie partielle en terme de contrôle local à 10 ans et de décès à 15 ans : Méta-analyse sur données individuelles de 10801 patientes à partir de 17 essais randomisés

The Lancet

EBCTCG

Auteur du résumé : Thomas Leroy

Contexte : Cette étude permet d’évaluer le bénéfice de la radiothérapie mammaire sur le risque de décès par cancer à 15 ans et le risque de récidive à 10 ans en fonction de critères pronostiques et des caractéristiques des patientes.


Matériel et méthodes : Il s’agit d’une méta-analyse sur données individuelles de 17 essais portant sur 10801 patientes étudiant l’intérêt de l’irradiation adjuvante du sein. Le statut ganglionnaire était connu chez 8337 patientes.


Résultats : La radiothérapie adjuvante réduit globalement le risque de récidive à 10 ans de 15,7% (35% vs 19,3%) et le risque de décès par cancer du sein à 15 ans de 3,8% (25,2% vs 21,4%). Chez les patientes pN0 ce gain est fonction de l’âge, du grade, de l’expression des récepteurs hormonaux, de l’utilisation du Tamoxifène et de l’étendue de la chirurgie. L’irradiation permet une réduction absolue du risque de décès à 15 ans par cancer chez les patientes pN0 à haut risque de récidive à 10 ans de 7,8% et de 0.1% chez les patientes pN0 à bas risque de récidive. Elle permet chez les patientes pN+ une diminution du risque de récidive à 10 ans de 63,7% à 42,5% et du risque de décès à 15 ans par cancer du sein de 51,3% à 42,8%. Globalement la radiothérapie mammaire permet d’éviter 1 décès à 15 ans pour 4 récidives évitées à 10 ans indépendamment du risque initial de récidive et du statut ganglionnaire.


Implication pour la pratique : La radiothérapie mammaire adjuvante permet de diviser par deux le risque de récidive locale et de diminuer d’un sixième le risque de décès indépendamment des facteurs pronotistiques. En revanche le bénéfice absolu de celle-ci est grandement variable en fonction des caractéristiques initiales des patientes.

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