Veille bibliographique - Numéro 5 - Janvier 2013

Société Française des Jeunes Radiothérapeutes Oncologues

 

Voici la cinquième édition de notre veille bibliographique!

Nous avons reçu beaucoup de contributions de la part des membres de la SFjRO, merci pour votre travail!

Dans cette édition, vous retrouverez les résumés suivants :

- Intérêt de l'IRM de prostate, soumis par Thomas Leroy de Lille,

- Radiothérapie adjuvante du cancer de prostate, soumis par Nicolas Lescut de Besançon,

- Hormonothérapie dans le cancer de prostate, soumis par Baptiste Pichon de Nantes,

- Les résultats de l'essai PIVOT, soumis par Nicolas Lescut de Besançon,

- Radiochimiothrapie préopératoire pour les carcinomes oesophagiens, soumis par Thomas Cerda de Besançon,

- La radiothérapie +/- chimiothérapie dans le carcinome invasive de vessie, soumis par Alexis Lepinoy de Besançon.

Tous les membres de la SFjRO sont invités à participer à cette veille. Vous pouvez proposer vos résumés à l'adresse contact@sfjro.fr. Pour que votre travail soit accepté, il doit être rédigé en respectant la charte éditée par la SFjRO qui se trouve à cette adresse.

Bonne lecture!

Jean-Emmanuel & Olivier

 

IMAGERIE DE LA PROSTATE

The influence of MRI scan position on image registration accuracy, target delineation and calculated dose in prostatic radiotherapy

L’importance de la position lors de l’IRM pour la précision du recalage, la délinéation des volumes et les calculs de dose pour la radiothérapie des cancers de prostate

Bristish Journal of Radiology

Hanvey S et al.

Auteur du résumé : Thomas Leroy

Contexte : Evaluer la nécessité de réaliser l’IRM prostatique en position de traitement quand l’IRM est utilisée pour déterminer les volumes cibles.


Matériel et méthodes : Il a été réalisé une TDM, une IRM diagnostique et une IRM en position de traitement chez 20 patients. La qualité du recalage TDM-IRM a été comparée pour chacune des 2 IRMs. La prostate et les vésicules séminales ont été contourés. Les auteurs ont examiné les changements de volume de traitement et leur implication dosimétrique selon l’IRM choisie pour la délinéation.


Résultats : L’écart de distance entre l’IRM et le TDM en se basant sur le centre de l’anatomie osseuse était réduit lorsqu’on utilisait l’IRM en position de traitement (de 3,9 à 1,9 mm, p< 0,0001). En considérant le recalage sur l’IRM en position de traitement comme le gold standard pour le contourage de la prostate et des vésicules séminales, on obtenait un indice de conformation de 0,80 pour le PTV obtenu par délinéation sur l’iRM diagnostique pour un indice attendu de 0,98 (p<0,0001).


Implication pour la pratique : En utilisant une IRM en position de traitement on améliore la qualité du recalage TDM-IRM et la qualité de la détermination des volumes cibles pour le traitement du cancer de prostate

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RADIOTHERAPIE ADJUVANTE CANCER DE PROSTATE

Postoperative radiotherapy after radical prostatectomy for high-risk prostate cancer: long-term results of a randomized controlled trial (EORTC trial 22911)

Radiothérapie post-opératoire après prostatectomie pour les adénocarcinomes prostatiques à haut risque : résultats à long terme d’un essai randomisé contrôlé (EORTC 22911).

Lancet

Michel Bolla, Hein van Poppel, Bertrand Tombal. et al.

Auteur du résumé : Nicolas Lescut

Contexte : Résultats à long terme de l’essai de phase 3 comparant radiothérapie post-opératoire immédiate (RT adj) versus surveillance chez les patients présentant un cancer de prostate pT3 et/ou R1.


Matériel et méthodes : Etude de phase 3 randomisée prospective contrôlée. Les patients éligibles avaient moins de 75 ans, statut OMS 0-1 et présentaient après prostatectomie radicale des tumeurs pN0M0 avec au moins un des facteurs de risque suivants : effraction capsulaire, marges chirurgicales positives, atteinte des vésicules séminales. Les patients étaient randomisés dans le bras RT adj (60 Gy lit chirurgical 6 semaines) ou dans le bras surveillance jusque récidive clinique ou biologique (PSA>0.2 confirmé 2 fois). L’objectif primaire était la rechute biologique. L’analyse était en intention de traiter.


Résultats : 1005 patients ont été randomisés, 503 dans le groupe surveillance, 502 dans le groupe RT adj. Le suivi médian est de 10.6 ans (2 mois à 16.6 ans). La RT adj augmente de manière significative la survie sans récidive biologique (RT adj : 198/502-39.4% vs surveillance : 311/503-61.8% p<0.0001). Les effets secondaires tardifs (tout type, tout grade) sont plus fréquents dans le groupe RT adj (RT adj : 70,8% [66,6–75,0] vs surveillance : 59,7% [55,3–64,1] p=0.001).


Implication pour la pratique : Les résultats à un suivi médian de 10.6 ans confirment que la RT adj permet une augmentation de la survie sans récidive biologique et du contrôle local. Cependant l’amélioration de la survie sans progression clinique retrouvée sur l’analyse initiale à 5 ans, n'est pas maintenue à 10 ans. L’analyse en sous-groupe suggère que la RT adj pourrait augmenter la survie sans progression clinique chez les patients <70 ans et ceux présentant des marges chirurgicales positives.

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HORMONOTHERAPIE CANCER DE PROSTATE

Intermittent Androgen Suppression for Rising PSA Level after Radiotherapy

Suppression androgénique intermittente pour taux de PSA en augmentation après radiothérapie

The New England Journal of Medicine

Juanita M. Crook et al.

Auteur du résumé : Baptiste Pichon

Contexte : La privation androgénique intermittente sur élévation du PSA après radiothérapie peut améliorer la qualité de vie et retarder l’hormonorésistance.


Matériel et méthodes : Essai de non infériorité incluant 1386 patients avec cancer localisé de la prostate présentant un taux de PSA supérieur à 3 ng/mL plus d’un an après radiothérapie primaire ou de rattrapage. Patients randomisés en deux groupes : un bras « privation androgénique intermittente » versus un bras « traitement continu ». Le traitement intermittent a été administré en cycles de 8 mois, avec des périodes de non traitement déterminées selon le taux de PSA. Le critère de jugement principal était la survie globale. Les critères secondaires incluaient la qualité de vie, le temps de la maladie résistant à la castration, et la durée des intervalles sans traitement.


Résultats : Le suivi médian était de 6,9 ans. La survie globale médiane a été de 8,8 ans dans le bras « traitement intermittent » contre 9,1 ans dans le groupe « traitement continu » (RR de décès : 1,02 ; IC 95% [0,86 - 1,21]) sans différence significative en terme d’événements indésirables. Les taux cumulatifs de décès liés à la maladie à 7 ans étaient respectivement de 18% et 15% dans les deux groupes (p = 0,24). Le traitement intermittent apportait des bénéfices sur la fonction physique, la fatigue, les problèmes urinaires, les bouffées de chaleur, la libido et la fonction érectile.


Implication pour la pratique : Un traitement par privation androgénique intermittente n’est pas inférieur à un traitement continu en terme de survie globale et permet une amélioration de la qualité de vie.

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PROSTATE

Radical Prostatectomy versus Observation for Localized Prostate Cancer

Prostatectomie radicale versus Observation pour les cancers de prostate localisés

New England Journal of Medecine

Timothy J. Wilt, Michael K. Brawer, Karen M. Jones, et al.

Auteur du résumé : Nicolas Lescut

Contexte : La prostatectomie radicale est un traitement courant du cancer de prostate localisé. Le bénéfice sur la survie de cette option sur les stades localisés pris en charge de manière précoce n’est néanmoins pas certain. Cette étude randomisée évalue le bénéfice de la chirurgie versus surveillance pour les hommes présentant un cancer de prostate localisé.


Matériel et méthodes : Etude rétrospective basée sur les données de Surveillance, Epidemiology,and End Results–Medicare-linked de 2000 à 2009. Les principaux paramètres évalués chez les patients retenus étaient le taux de morbidité gastrointestinale et urinaire, la dysfonction érectile, les fractures de hanche et les traitements anticancéreux additionnels.


Résultats : Au cours du suivi médian de 10 ans, 171/364 (47%) patients du bras prostatectomie radicale sont morts. En comparaison le bras surveillance a présenté 183/367 (49.9%) décès (p=0.22). De même, en terme de mortalité spécifique on a observé 21 (5.8%) décès dans le bras chirurgie versus 31 (8.4%) dans le bras surveillance (p=0.09). Le bénéfice du traitement chirurgical n’était pas différent selon l’âge, la race, le statut OMS, ou les caractéristiques histologiques de la tumeur. Cependant, la prostatectomie radicale était associée à une diminution de la mortalité globale chez les patients présentant un taux de PSA>10ng/ml (p=0.04) et possiblement chez ceux présentant une maladie de risque intermédiaire ou à haut-risque (p=0.07 résultats non significatifs).


Implication pour la pratique : Ce résultat diffère de celui de l’étude SPCG-4 qui retrouvait un faible mais significatif bénéfice en survie globale et survie spécifique à 10 ans en faveur de la prostatectomie radicale versus surveillance. Après un suivi de 12 ans, l’étude PIVOT ne retrouve pas de bénéfice en terme de survie en faveur de la chirurgie chez les patients présentant un cancer de prostate localisé détecté précocement.

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OESOPHAGE

Preoperative Chemoradiotherapy for Esophageal or Junctional Cancer

Radiochimiothérapie préopératoire pour les cancers de l'oesophage et de la jonction oeso-gastrique

New England Journal of Medecine

Van Hagen P, Hulshof MC et al for the CROSS group

Auteur du résumé : Thomas Cerda

Contexte : Le rôle de la radiochimiothérapie (RT-CT) n'étant pas bien établi dans les cancers de l'oesophage et de la jonction oesogastrique, il a été réalisé une étude comparant radio-chimiothérapie puis chirurgie contre chirurgie seule


Matériel et méthodes : 368 patients randomisés en 2 groupes: chirurgie seule (n=188) ou radio-chimiothérapie préopératoire(carboplatine AUC2+Paclitaxel 50mg/m² hebdomadaire concomittante avec une radiothérapie 41,1 Gy en 23 Fractions 1,8Gy par fraction) puis chirurgie (n=178)


Résultats : Résection R0 pour le groupe RT-CT préopératoire de 92% versus 69% dans le groupe chirurgie seule (p<0,001). On observe une réponse complète chez 47 patients (29%) sur 161 du groupe RT-CT préopératoire. Les complications post-opératoires sont similaires et la mortalité post-oprératoire est de 4% dans les 2 groupes. La médiane de survie globale est de 49,4 mois dans le groupe RT-CT préopératoire versus 24,0 mois dans le groupe chirurgie seule.(HR=0,69, IC95% [0,495-0,871] p=0,003)


Implication pour la pratique : La RT-CT préopératoire augmente la survie de patients atteints de cancer de l'oesophage ou de la jonction potentiellement curables avec des effets secondaires acceptables

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VESSIE

Radiotherapy with or without Chemotherapy in Muscle-Invasive Bladder Cancer

Radiochimiothérapie vs radiothérapie exclusive dans les cancers infiltrants le muscle vésical

New England Journal of Medecine

Nicholas D. James et al.

Auteur du résumé : Alexis Lepinoy

Contexte : La radiothérapie constitue une alternative à la chirurgie dans le traitement des cancers invasifs de vessie. Dans d’autres cancers, la radiochimiothérapie a démontré un bénéfice en termes de contrôle local et de survie par rapport a une radiothérapie exclusive.


Matériel et méthodes : Essai multicentrique de phase III ayant inclus 360 patients (T2-T4aN0) randomisés entre une radiochimiothérapie ou radiothérapie exclusive. La chimiothérapie administrée comportait du 5FU à la dose de 500 mg/m²/j pendant cinq jours pendant la 1ere et 4eme semaine de traitement, en association avec une injection de mitomycine de 12 mg/m² au J1. Les patients ont également été randomisés entre une irradiation de la vessie en totalité et une réduction des volumes prévue par l’analyse statistique (résultats non publiés). L’objectif primaire était la survie sans récidive locorégionale. Les objectifs secondaires s’intéressaient à la survie globale et aux toxicités.


Résultats : A 2 ans le taux de survie sans récidive locorégionale était de 67% en faveur de la radiochimiothérapie contre 54% en cas de radiothérapie exclusive, avec une médiane de suivi de 69.9 mois et un hazard ratio dans le groupe radiochimiothérapie à 0.68 (p =0.03). La survie globale à 5 ans était de 48% contre 35 % dans le groupe radiothérapie seule (p=0.16). Les toxicités de grade 3 et 4 semblaient plus fréquentes dans le groupe radiochimiothérapie pendant le traitement mais pas à long terme


Implication pour la pratique : La chimiothérapie par 5FU et mitomycine associée à la radiothérapie améliore le contrôle locorégional des cancers de vessie sans augmenter significativement les toxicités.

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