SFjRO Veille bibliographique N°10 - Mai 2014

Voici la dixième édition de notre veille bibliographique!

Dans cette édition, vous retrouverez les résumés suivants :

- Association du Bevacizumab à la Radiothérapie – Temozolomide dans la prise en charge des Glioblastomes, soumis par Alexis Lepinoy de Besançon,

- Effet de la radiothérapie après mastectomie et curage axillaire sur la récidive à 10 ans et la mortalité par cancer du sein à 20 ans, soumis par Baptiste Pichone de Nantes,

- Revue de la littérature et méta-analyse sur la radiothérapie conformationnelle en modulation d’intensité pour les cancers des voies aero-digestives supérieures, soumis par Jean-Christophe Faivre de Nancy,

- Résultats à long terme de l’essai RTOG 91-11 : comparaison de trois stratégies non chirurgicales, dans la préservation laryngée de patients atteints de cancer du larynx localement avancé, soumis par Guillaume Janoray de Tours,

- Validation d'un marqueur sérique dans les CBNPC traités par erlotinib en second ligne soumis par Thomas Leroy de Lille

Tous les membres de la SFjRO sont invités à participer à cette veille. Vous pouvez proposer vos résumés à l'adresse contact@sfjro.fr. Pour que votre travail soit accepté, il doit être rédigé en respectant la charte éditée par la SFjRO qui se trouve à cette adresse.

Bonne lecture!

Thomas pour le bureau de la SFjRO

NEUROLOGIE

Bevacizumab plus Radiotherapy–Temozolomide for Newly Diagnosed Glioblastoma

Association du Bevacizumab à la Radiothérapie – Temozolomide dans la prise en charge des Glioblastomes

New England Journal of Medecine

Olivier L. Chinot & al.

Auteur du résumé : Alexis Lepinoy

Contexte : Le traitement standard du glioblastome est la radiothérapie ainsi que le témozolomide. Cette étude de phase 3 propose d’évaluer l'effet de l'addition du bevacizumab à la radiothérapie - témozolomide pour le traitement du glioblastome.

Matériel et méthodes : Les patients atteints de glioblastome supratentorielle ont été randomisé pour recevoir soit du bevacizumab (10 mg/kg, toutes les 2 semaines) soit un placebo, en association avec une radiothérapie (2 Gy/fr, 5fr/s, maximum, 60 Gy) et du témozolomide par voie orale (75 mg/m2/jour) pendant 6 semaines. Après une pause de 28 jours de traitement, un entretien par bevacizumab (10 mg/kg, toutes les 2 semaines) ou par un placebo, en plus de témozolomide (150 à 200 mg/m2/jour pendant 5 jours), a été poursuivie pendant six cycles de 4 semaines, suivie d’une monothérapie par bevacizumab (15 mg/kg toutes les 3 semaines) ou un placebo jusqu'à progression de la maladie ou apparition de toxicités inacceptables. Les critères de jugement principaux étaient la survie sans progression et la survie globale.

Résultats : Un total de 458 patients ont été assignés au groupe bevacizumab, et 463 patients dans le groupe placebo. La médiane de survie sans progression était plus longue dans le groupe bevacizumab que dans le groupe placebo (10,6 contre 6,2 mois, HR stratifié = 0.64 ; IC 95 % 0,55 à 0,74, p < 0,001). L'avantage par rapport à la survie sans progression a été observé dans tous les sous-groupes. La survie globale ne différait pas significativement entre les groupes (HR stratifié = 0,88, IC 95%, 0,76 à 1,02, p = 0,10). Les taux de survie globale respectives avec le bevacizumab et le placebo étaient de 72,4 % et de 66,3 % à 1 an (p = 0,049) et de 33,9 % et de 30,1 % à 2 ans (p = 0,24). La qualité de vie et le performance status de départ ont été maintenus plus longtemps dans le groupe bevacizumab, et l’utilisation des corticoïdes a été plus faible. Plus de patients dans le groupe bevacizumab que dans le groupe placebo ont présenté des toxicités générales de grade ≥ 3 (66,8 % contre 51,3 %) et de grade ≥ 3 souvent en relation avec le bevacizumab (32,5 % vs 15,8%).

Implications pour la pratique/limites : L’adjonction de bevacizumab à la radiothérapie - témozolomide n'a pas amélioré la survie des patients atteints de glioblastome. Toutefois une amélioration de la survie sans progression et un maintien de la qualité de la vie et du performance status ont été observés avec le bevacizumab, aux dépens d'événements indésirables de grade ≥ 3 plus élevée avec le bevacizumab qu'avec le placebo.

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SENOLOGIE

Effect of radiotherapy after mastectomy and axillary surgery on 10-year recurrence and 20-year breast cancer mortality: meta-analysis of individual patient data for 8135 women in 22 randomised trials

Effet de la radiothérapie après mastectomie et curage axillaire sur la récidive à 10 ans et la mortalité par cancer du sein à 20 ans : méta-analyse des données individuelles de patientes chez 8135 femmes dans 22 essais randomisés

The Lancet, Mars 2014

EBCTCG (Early Breast Cancer Trialists' Collaborative Group)

Auteur du résumé : Thomas Cerda

Contexte : La radiothérapie (RT) post mastectomie (MT) réduit le taux de récidive et de mortalité par cancer du sein chez des femmes avec atteinte ganglionnaire (N+). L’objectif de l’étude était d’évaluer l'effet de la RT chez les patientes 1 à 3 N+ post MT et curage axillaire (LAF).

Matériel et méthodes : Méta-analyse portant sur les données de 8135 femmes randomisées de 1964 à 1986 dans 22 essais comparant un traitement par MT/LAF avec ou sans RT de paroi et des aires ganglionnaires.

Résultats : 3786 femmes ont bénéficié d’une LAF. Toutes avaient une RT incluant la paroi thoracique, l’aire susclaviculaire ou le creux axillaire (ou les deux), et la chaîne mammaire interne. Chez 700 femmes pN0, la RT n'avait aucun effet significatif sur la récidive locorégionale (RLR), la récidive globale (RG), ou la mortalité spécifique par cancer du sein (MS). Pour 1314 femmes 1 à 3 N+ post LAF, la RT réduisait la RLR (2p<0.00001), la RG (RR 0.68, IC 95% 0.57-0.82, 2p=0.00006), et la MS (RR 0.80, IC 95% 0.67-0.95, 2p=0.01). En cas de traitement systémique, la RT réduisait également la RLR (2p <0,00001), la RG (RR 0.67, IC 95% 0.55-0.82, 2p=0,00009), et la MS (RR 0.78, IC 95% 0.64-0.94, 2p=0.01). Pour 1772 femmes ≥ 4 N+ post LAF, la RT réduisait la RRL (2p <0.00001), la RG (RR 0.79, IC 95% 0.69-0.90, 2p=0.0003), et la MS (RR 0.87, IC 95% 0.77-0.99, 2p = 0.04).

Implication pour la pratique : Après MT/LAF, chez les patientes 1 à 3 N+, la RT réduit les taux de RLR, de RG et de MS même si thérapie systémique. Pour les femmes à faible risque de récidive (pN0), les gains absolus sont faibles mais les techniques de RT se sont améliorées au cours des dernières décennies et les bénéfices proportionnels de la radiothérapie sont susceptibles d'être plus grands que dans ces essais.

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ORL

Intensity-modulated radiation therapy for head and neck cancer: Systematic review and meta-analysis;

Radiothérapie conformationnelle en modulation d’intensité pour les cancers des voies aero-digestives supérieures : revue systématique de la littérature et méta-analyse

Radiotherapy and Oncology

Marta GN, Silva V, de Andrale Carvalho H et coll

Auteur du résumé : Jean-Christophe Faivre

Contexte : la radiothérapie conformationnelle en modulation d’intensité (RCMI) permet une augmentation de la dose aux volumes cibles (escalade de dose) tout en épargnant mieux les tissus sains. Cette étude a pour objectif d’évaluer le bénéfice clinique de la RCMI par rapport à la radiothérapie en 2 dimensions (RT2D) et la radiothérapie conformationnelle en 3 dimensions (RT3D) chez les patients atteints de cancer des voies aéro-digestives supérieures.

Matériel et méthodes : L’ensemble des études de phase III comparant la RCMI à la RT2D et la RT3D a été éligible. L’association à la chirurgie ou à la chimiothérapie était possible. Deux auteurs ont sélectionné et évalué l’éligibilité des études et les biais associés.

Résultats : dCinq études ont été sélectionnées. Un total de 871 patients a été randomisé entre les RT2D et RT3D (437) versus la RCMI (434). La plupart des patients présentaient un cancer du nasopharynx (82%) et des stades III et IV (62,1%). Trois études ont été considérés comme ayant un risque modéré de biais et 2 études avec un risque élevé de biais. Un bénéfice global significatif en faveur de la RCMI a été trouvé pour le score de xérostomie (HR = 0,76 avec IC 95 % 0,6 - 0,87 ; p < 0,0001) de grades 2-4 avec un contrôle loco-régional et une survie globale similaires.

Implication pour la pratique : la RCMI réduit l’incidence de la xérostomie de grades 2-4 chez les patients atteints de cancers des voies aéro-digestives supérieures sans compromettre le contrôle loco-régional et la survie globale.

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ORL

Long-term results of RTOG 91-11: a comparison of three nonsurgical treatment strategies to preserve the larynx in patients with locally advanced larynx cancer.

Résultats à long terme de l’essai RTOG 91-11 : comparaison de trois stratégies non chirurgicales, dans la préservation laryngée de patients atteints de cancer du larynx localement avancé.

Journal of Clinical Oncology

Mukesh B. Mukesh, Gillian C. Barnett, Jennifer S. Wilkinson et al.

Auteur du résumé : Guillaume Janoray

Contexte : Présenter les résultats à long terme de l'étude RTOG 91-11 évaluant l’intérêt de la chimiothérapie associée à la radiothérapie (RT) dans la préservation laryngée, avec mise à jour des résultats fonctionnels.


Matériel et méthodes : Les patients ayant un carcinome épidermoïde stade III ou IV du larynx ou de l’hypopharynx ont été randomisés entre : chimiothérapie d’induction par cisplatine/fluorouracile (PF) suivie par RT, radio-chimiothérapie concomitante avec du cisplatine, ou RT seule. Le critère de jugement principal était la survie sans dysfonction laryngée.


Résultats : 520 patients ont été analysés après un suivi médian de 10,8 ans. Les deux schémas de chimiothérapie améliorent significativement la survie sans dysfonction laryngée, par rapport à la RT seule (chimiothérapie d'induction v RT seule : HR=0,75,= ; IC 95% [0,59-0,95], p=0,02; radio-chimiothérapie concomitante vs RT seule : HR=0,78; IC 95% [0,78-0,98], p=0,03). La survie globale n’était pas significativement différente entre les groupes. La survie globale pourrait même être diminuée dans le groupe radio-chimiothérapie concomitante par rapport au groupe chimiothérapie d'induction (HR=1,25; IC 95% [0,98 à 1,61], p=0,08). La radio-chimiothérapie concomitante améliore de façon significative le taux de préservation laryngée par rapport à la chimiothérapie d’induction par PF suivie de RT (HR=0,58 ; IC 95% [0,37 à 0,89], p= 0,005) et par rapport à la RT seule (p<0,001),tandis que la chimiothérapie d’induction suivie de RT n'était pas supérieure à la RT seule (HR=1,26; IC 95% [0,88 à 1,82], p=0,35). Aucune différence significative n’a été retrouvée concernant la toxicité tardive, mais les décès non attribués au cancer du larynx ou au traitement étaient plus élevés dans le groupe radio-chimiothérapie concomitante (30,8 % vs 20,8% dans le groupe chimiothérapie d'induction et 16,9 % dans le groupe RT seule).


Implication pour la pratique :À 10 ans, la chimiothérapie d’induction par PF suivie de radiothérapie exclusive et la radio-chimiothérapie concomitante avec du cisplatine montrent une efficacité similaire en terme de survie sans dysfonction laryngée. Le contrôle locorégional et la préservation du larynx ont été significativement améliorés avec le cisplatine en concomitant de la radiothérapie par rapport au bras d'induction ou radiothérapie seule. Des nouveaux protocoles moins morbides, améliorant la préservation laryngée ainsi que sa fonctionnalité, entrainant sont nécessaires.

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PNEUMOLOGIE

Predictive value of a proteomic signature in patients with non-small-cell lung cancer treated with second-line erlotinib or chemotherapy (PROSE): a biomarker-stratified, randomised phase 3 trial

Valeur predictive d'une signature protéomique chez des patients atteints de CBNPC traités en seconde ligne par erlotinib ou chimiothérapie (PROSE): Une étude de phase 3 randomisées, stratifée sur un biomarqueur

The Lancet

Vanesa Gregorc and al.

Auteur du résumé : T.Leroy

Contexte : Un test protéomique basé sur des protéines sériques a été développé afin de déterminer le pronostic des patients traités par ITK de l'EGFR. L'objectif de cet essai était de déterminer sa valeur prédicitive chez de s patients traités par chimiothérapie ou ITK de l'EGFR pour un CBNPC sans mutation activatrice.

Matériel et méthodes : De février 2008 à avril 2012, les patients atteints d'un CBNPC de stade IIIB ou IV, en seconde ligne de traitement, ont été randomisés entre un traitement par erlotinib et un traitement par chimiothérapie (pemetrexed ou docetaxel). Le test protéomique a été réalisé en aveugle. Le critère de jugement principal de jugement était la survie globale et l'hypothèse étiat qu'il existait une interaction entre le résultat du test et le traitement. L'anaylse a été réalisée en per-protocole.


Résultats : 142 patients dans le bras erlotinib et 143 dnas le bras chimiothérapie(respectivement 129 et 134 inclus dans l'anaylse). 68% des patients dans le groupe "chimiothérapie" étaient classé en bon pronostic selon le test contre 72 dans le bras erlotinib. La survie médiane était de 9·0 mois (95% CI 6·8–10·9) dans le groupe chimiothérapie et 7·7 mois (5·9–10·4) dans le groupe erlotinib. Il existait un interaction significative entre le traitement et le résultat du test protéomique. ( Pinteract =0,017 après ajustement et Pinteract= 0,031 sans ajustement. Les patients classés en mauvais pronostic selon le test avaient une meilleur survie sous chimiothérapie que sous erlotinib. (Risque raltif 1,72 [95% CI 1·08–2·74], p=0·022). Il n'y avait pas de différence statistiquement significative se survie entre chimiothérapie et erlotinib chez les patients classé en bon pronostic selon le test.


Implication pour la pratique : Ce test protéomique permet de prédire la réponse à l'erlotinib des patients atteinst de CBNPC en seconde ligne de traitement et ainsi de guider le coix entre erlotinib et chimiothérapie.

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