SFjRO Veille bibliographique N°11 - Juillet 2014

Voici la onzième édition de notre veille bibliographique!

Dans cette édition, vous retrouverez les résumés suivants :

- Comparaison des dosimétries réalisées à 3 phases d’une radiothérapie adaptative et non-adaptative en IMRT avec « dose painting » pour les cancers ORL, soumis par Sarah Molina de Poitiers,

- Une étude en 3 étapes du génome identifie un locus associé à des toxicités tardives de la radiothérapie sur 2q24.1, soumis par Jean-Emmanuel Bibault de Lille,

- Radiothérapie stéréotaxique versus Radiothérapie Conformationnelle avec Modulation d’Intensité pour le cancer de la prostate : comparaison de la toxicité, soumis par Guillaume Janoray de Tours,

- Capecitabine et oxaliplatine en néoadujvant dans le traitement des cancers du rectum: Critères de jugements chirurgicaux, soumis par Valentine Martin de Paris,

- Etude de 201 patients traités pour un CBNPC par stéréotaxie montrant une corrélation entre algorithme de prescription et contrôle local soumis par Thomas Leroy de Lille

Tous les membres de la SFjRO sont invités à participer à cette veille. Vous pouvez proposer vos résumés à l'adresse contact@sfjro.fr. Pour que votre travail soit accepté, il doit être rédigé en respectant la charte éditée par la SFjRO qui se trouve à cette adresse.

Bonne lecture!

Bonne vacances à ceux qui partent et bonne reprise aux autres!

Thomas pour le bureau de la SFjRO

ORL

Comparative dosimetry of three-phase adaptive and non-adaptive dose-painting IMRT for head-and-neck cancer

Comparaison des dosimétries réalisées à 3 phases d’une radiothérapie adaptative et non-adaptative en IMRT avec « dose painting » pour les cancers ORL

Radiotherapy & Oncology

L. A.M. Olteanu, D. Berwouts, I. Madani et al.

Auteur du résumé : Sarah Molina

Contexte : Les variations anatomiques des patients porteurs d’un cancer ORL en cours de radiothérapie peuvent compromettre l’efficacité du traitement. Cette étude compare les effets dosimétriques d’un traitement par radiothérapie adaptative (RA) et non-adaptative (RNA) en IMRT avec « dose-painting ».

Matériel et méthodes : Pour 10 patients, les trois phases de traitement (10 fractions par phase) ont été précédées par un PET-scanner de planification. Pour la RNA, les phases II et III ont été planifiées sur le PET/CT1 et recalculées sur les PET/CT2 et PET/CT3. Pour la RA, les phases II et III ont été planifiées respectivement sur les PET/CT2 et PET/CT3. Chaque jeu de régions d’intérêt a été successivement propagé par déformation d’une imagerie à l’autre dans l’ordre chronologique (ROIdef). Ces contours déformés automatiquement sont ensuite ajustés par un radiothérapeute (ROIdef-adj). L’analyse dosimétrique de la RA et de la RNA est évaluée sur un scanner acquis à la fin du traitement (CT4).

Résultats : La RA permet d’obtenir une meilleure couverture de la région cible comparativement à la RNA. En moyenne, la RA réduit la dose médiane reçue par les parotides et par les structures impliquées dans la déglutition de 4,6 à 7,1% (p> 0,05) et de 3% (p = 0,06), respectivement. Les différences de dose s’étalent de -1,6% à 6,6% pour les volumes cibles et de -7,1% à 7,1% pour les organes à risque. L’analyse individuelle des données par patient semble montrer une amélioration de la couverture des volumes avec la RA. Il peut y avoir une augmentation de la dose minimale de 24,4% pour le PTV et une baisse de la dose médiane de 21,1% pour les structures impliquées dans la déglutition.

Implications pour la pratique/limites : La RA semble être supérieure à la RNA dans les cancers ORL. Elle permet d’augmenter la dose minimale dans le volume cible. Pour les organes à risque, les résultats sont hétérogènes et les bénéfices doivent être évalués au cas par cas. Néanmoins, une étude incluant un plus grand nombre de patients serait nécessaire.

Accéder à l'article
RADIOBIOLOGIE

A three-stage genome-wide association study identifies a susceptibility locus for late radiotherapy toxicity at 2q24.1

Une étude en 3 étapes du génome identifie un locus associé à des toxicités tardives de la radiothérapie sur 2q24.1

Nature Genetics

Laura Fachal L, Gómez-Caamaño A, Barnett GC et al

Auteur du résumé : Jean-Emmanuel Bibault

Contexte :Le rôle des variants génétiques dans l’apparition de toxicité tardive induite par la radiothérapie se précise, bien que les études réalisées avec une approche « gènes candidats » n’aient pas fourni de résultats probants.

Matériel et méthodes : Une étude GWAS (sur génome complet) a été réalisée sur une cohorte de 741 patients atteints de carcinome prostatique traités par radiothérapie externe. Une validation externe sur deux autres cohortes a été réalisée (633 patients du Royaume Uni et 368 patients d’Amérique du Nord).

Résultats :Une étude GWAS (sur génome complet) a été réalisée sur une cohorte de 741 patients atteints de carcinome prostatique traités par radiothérapie externe. Une validation externe sur deux autres cohortes a été réalisée (633 patients du Royaume Uni et 368 patients d’Amérique du Nord).

Implication pour la pratique : L’association mise en évidence dans cette étude et le rôle connu de TANC1 dans la réparation musculaire suggère l’importance de ce locus dans le développement de toxicité tardive induite par la radiothérapie. On peut à terme imaginer la réalisation de tests de sensibilité permettant de prédire quels patients sont à risque de toxicité afin de personnaliser nos stratégies thérapeutiques.

Accéder à l'article
PROSTATE

Stereotactic Body Radiation Therapy Versus Intensity-Modulated Radiation Therapy for Prostate Cancer: Comparison of Toxicity;

Radiothérapie stéréotaxique versus Radiothérapie Conformationnelle avec Modulation d’Intensité pour le cancer de la prostate : comparaison de la toxicité.

Journal of Clinical Oncology

Yu JB, Cramer LD, Herrin J, Soulos PR, Potosky AL and Gross CP

Auteur du résumé : Guillaume Janoray

Contexte : La radiothérapie stéréotaxique (RS) est un traitement techniquement sophistiqué du cancer de la prostate, qui pourrait être moins onéreux que la Radiothérapie Conformationnelle avec Modulation d’Intensité (RCMI). La RS permet de délivrer des doses biologiques équivalentes plus importantes par rapport à la RCMI, la toxicité pourrait être accrue. Des études médico-économiques et d’évaluation de la toxicité, comparant les différentes techniques sont nécessaires.

Matériel et méthodes : Au sein du programme national américain d’aide médicale Medicare, nous avons réalisé une étude rétrospective, chez des patients âgés de plus de 65 ans, initialement traité entre 2008 et 2011 par radiothérapie pour un cancer de prostate, soit par RS, soit par RCMI. Chaque patient traité par RS a été apparié à deux patients traité par RCMI avec un suivi similaire (6, 12, ou 24 mois). Nous avons calculé le coût de traitement de radiothérapie pour le programme Medicare et mesuré la toxicité par les plaintes auprès du programme Medicare. Nous avons utilisé un modèle d’effets aléatoires pour comparer la toxicité génito-urinaire (GU), gastro-intestinale, et les autres toxicités.

Résultats : L'échantillon d'étude étaient composés de 1 335 patients traités par RS appariés à 2 670 patients triâtes par RCMI. Le coût moyen de traitement était de 13,645 USD pour la RS contre 21,023 USD pour la RCMI. 6 mois après le début du traitement, 15,6% des patients traités par RS contre 12,6% des patients traités par RCMI ont connu une toxicité GU (odds ratio = 1,29 ; IC 95%, [1:05-1:53], P = 0,009). 24 mois après le début du traitement, 43,9 des patients traités par RS contre 36,3% des patients traités par RCMI ont présenté une toxicité GU (OR= 1,38 ; IC 95% [1,12-1,63], P = 0,001). L'augmentation de la toxicité GU regroupait des symptômes d'urétrite, d'incontinence urinaire et/ou de syndrome obstructif.

Implication pour la pratique : Bien que le traitement par RS soit associé à des coûts plus faibles, la toxicité génito-urinaire semble plus importante par rapport à la RCMI. En dehors d’essais prospectifs randomisés, il n’est pour le moment pas recommandé d’utiliser la radiothérapie stéréotaxique dans le cadre de la prise en charge initiale des cancers de prostate.

Accéder à l'article
RECTUM

Capecitabine and Oxaliplatin in the Preoperative Multimodality Treatment of Rectal Cancer: Surgical End Points From National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project Trial R-04

Capecitabine et oxaliplatine en néoadujvant dans le traitement des cancers du rectum: Critères de jugements chirurgicaux.Essai R-04 de la NSSABBP.

Journal of Clinical Oncology

Michael J. O’Connell et al.

Auteur du résumé : Valentine Martin

Contexte :Le standard actuel de traitement des cancers du rectum à partir du stade II comprend une radio chimiothérapie préopératoire avec le plus fréquemment du  5FU ou de la Capecitabine. Cet essai a testé 4 bras de chimiothérapie concomitante à la radiothérapie.


Matériel et méthodes : Il s’agit d’un essai de phase III randomisé promu par le NSABP.
Les patients atteints d’un adénocarcinome du rectum stade II ou III on reçu en néo-adjuvant une radiothérapie pelvienne 45 Gy en 25 fractions de 1.8 Gy plus un boost de 5.4 Gy en 3 fractions à 10.8 Gy en 6 fractions.
Cette irradiation a été associés soit à du 5FU 225mg/m2  5 jours par semaine avec ou sans Oxaliplatine 50mg/m2 1 injection par semaine pendant 5 semaines, soit à de la Capécitabine 825mg/m2 2 fois par jour 5 jours par semaine associé ou non au même schéma d’Oxaliplatine.   
Le chirurgien indiquait avant randomisation si le patient pouvait prétendre à une conservation sphinctérienne.
Les critères de jugements chirurgicaux sont : réponse pathologique complète, conservation du sphincter et down staging tumoral.


Résultats :1608 patients ont été randomisés entre septembre 2004 et août 2010.
Aucune différence significative n’a été observée entre les groupes 5FU et Capécitabine en terme de réponse pathologique complète (17.8 vs 20.7 % p = 0.14), conservation sphinctérienne (59.4 vs 59.3 % p = 0.98) ni de down staging tumoral (21.3 vs 21.1 % p=0.95).
De même entre les groupes avec ou sans Oxaliplatine aucune différence significative n’a été observée concernant la réponse pathologique complète (17.8 vs 19.55 % p = 0.42), la conservation sphinctérienne (61 vs 57.8 % p = 0.24) ni de down staging tumoral (23.5 vs 17.9 % p=0.20).
En revanche il a été observé significativement plus de diarrhées de grade 3 à 5 dans les bras avec Oxaliplatine, (6.9 vs 16.5 % p<0.001) dont 2 décès.


Implication pour la pratique :L’ajout de l’Oxaliplatine au 5FU ou à la Capécitabine dans le cadre d’une radio chimiothérapie néo adjuvante de cancer du rectum stade II ou III n’améliore pas le contrôle chirurgical et ajoute une toxicité digestive significative.
Les résultats définitifs sur le contrôle local, la survie sans récidive et la survie globale sont en attente.

Accéder à l'article
PNEUMOLOGIE

Study of 201 non-small cell lung cancer patients given stereotactic ablative radiation therapy shows local control dependence on dose calculation algorithm.

Etude de 201 patients traités pour un CBNPC par stéréotaxie montrant une corrélation entre algorithme de prescription et contrôle local

Int J Radiat Oncol Biol Phys

Latifi K and al.

Auteur du résumé : T.Leroy

Contexte : Les algorithmes de calcul de dose Pencil Beam (PB) et Collapsed cone convolution fournissent des distributions de dose très différentes dans les milieux hétérongènes tels que le thorax. Cependant, ces différences sont raremement corrélés avec les résultats cliniques de la SBRT pulmonaire.

Matériel et méthodes : Les données de 201 patients traités pour un CBPNC par SBRTont été analysés rétrospectivement. Tous les patients ont été traités à la dose de 50 Gy en 5 fractions de 10 Gy. La prescirption était faite sur le PTV tel que 95% du PTV reçoive la dose prescrite. 116 patients ont été traités par Novalis avec l'algorithme PB. Les 85 autres ont été traités avec l'algorithme CCC sur un linac Varian. Les suivis médians était de 24 mois et 17 mois respectivement pour les groupes PB et CCC. Le critère de jugement principal était le contrôle local/marginal de la lésion irradiée.


Résultats : 25 récidives locales sont survenues dans le groupe PB contre 4 dans le groupe CCC. Il ya vait une différence significative entre les 2 groupes (HR 3.4 [95% Intervalle de confiance: 1.18-9.83], Gray's test P=.019). Les différences de converture des volumes cibles entre les deux algorithles étaient les suivantes: ΔD99GITV = 7.4 Gy, ΔD99PTV = 10.4 Gy, ΔV90GITV = 13.7%, ΔV90PTV = 37.6%, ΔD95PTV = 9.8 Gy, et ΔDISO = 3.4 Gy. GITV = gross internal tumor volume.


Implication pour la pratique : Le contrôle locla était différent en fonction de l'lagorithme de prescription. Bien que des biais puissent exister, les auteurs explique cette différence par le sous-dosage des tumeurs traitées par PB. Cette étude démontre l'importance de prescire la dose avec un algorithme prenant en compte le transport des électrons secondaires en SBRT pulmonaire

Accéder à l'article
La veille bibliographique de la SFjRO est rendue possible par le soutien des laboratoires Janssen
facebook twitter