SFjRO Veille bibliographique N°15 - Avril 2015

Voici la quinzième édition de notre veille bibliographique!

Dans cette édition, vous retrouverez les résumés suivants :

- Localisations des métatastases ganglionnaires de carcinomes nasopharyngés basées sur le consensus de 2013, soumis par Thomas Leroy de Lille,

- Place la radiothérapie dans le management locorégional des cancers du sein triple négatif soumis par Alexis Lepinoy de Besançon,

- Radiothérapie hautes doses avec suppression androgénique de courte ou longue durée dans les cancers de la prostate localisés (DART01/05 GICOR): essai de phase III randomisé contrôlé, soumis par Kim Cao de Paris,

- Radiotherapie thoracique dans les cancers bronchiques à petites cellules étendus : Etude de phase III randomisée et contrôlée, soumis par Paul Lesueur de Caen,

-Facteurs pronostiques et de survie pour 321 patients traités par radiothérapie stéréotaxique dans le cas d’oligo-métastases, soumis par Sarah Molina de Poitiers

Tous les membres de la SFjRO sont invités à participer à cette veille. Vous pouvez proposer vos résumés à l'adresse contact@sfjro.fr. Pour que votre travail soit accepté, il doit être rédigé en respectant la charte éditée par la SFjRO qui se trouve à cette adresse.

Bonne lecture!

Alexandre

ORL

Patterns of lymph node metastasis from nasopharyngeal carcinoma based on the 2013 updated consensus guidelines for neck node levels

Localisations des métatastases ganglionnaires de carcinomes nasopharyngés basées sur le consensus de 2013

Radiotherapy and Oncology, Mars 2015

XiaoShen Wang, ChaoSu Hu, HongMei Ying, XiaYun He, GuoPei Zhu, Lin Kong, JianHui Ding

Auteur du résumé : Thomas Leroy

Contexte : Le but de cette étude était d’étudier les sites métastatiques ganglionnaires de carcinome nasopharyngés en se basant sur les recommandations 2013 de délinéation

Méthodes : 3100 cas de carcinome nasopharyngés ont été revues de manière rétrospective. Une IRM a été réalisée au diagnostic chez tous les patients. Les acquisitions des IRM d’étendaient de 2 cm au dessus du processus clinoïde antérieur jusqu’au bord inférieur de la jonction sternoclaviculaire.

Résultats : Un envahissement ganglionnaire était retrouvé chez 2679 patients (86,9%). La topographie des adénopathies était la suivante : niveau Ia 0, niveau IB 115 (4,3%), Niveau IIa 1798 (67,1%), niveau IIb 2341 (87,4%), niveau III 1184 (44,2%), niveau IVa 350 (13.1%), niveau IVb 28 (1.0%), niveau Va,b 995 (37.1%), niveau Vc 49 (1.8%), niveau VI 0, niveau VIIa 2012 (75.1%), niveau VIIb 178 (6.6%), niveau VIII 53 (2.0%), niveau IX 2, niveau Xa 2, niveau Xb 3. Parmi les patients ayant un envahissement du niveau VII, seulement 6 (0,3%) étaient localisés dans le groupe médial. Chez les patients avec une atteinte du niveau II, la limite supérieure des ganglions métastatiques était dans 25,9% des cas au-delà du bord inférieur de C1. Les patients avec une atteinte des niveaux VIII, IV ou X avaient toujours une atteinte ganglionnaire massive homolatérale et un nombre de ganglions atteints ≥ 6. 35 cas d’atteinte ganglionnaire en dehors du consensus ont été observés au niveau des muscles trapèzes mais en arrière du niveau V.

Implication pour la pratique clinique / limites : Il s’agit de la première étude des disséminations ganglionnaires de carcinome nasopharyngés basée sur le consensus de 2013. Des atteintes ganglionnaires sont possibles en dehors du consensus. Il peut être utile de débuter le niveau II plus haut que défini dans le consensus et d’étendre le niveau V en postérieur lors de la délinéation.

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Sein

Radiation therapy in the locoregional treatment of triple-negative breast cancer

Place la radiothérapie dans le management locorégional des cancers du sein triple négatif

Lancet Oncology, Mars 2015

Moran MS

Auteur du résumé : Alexis Lepinoy

Cette revue évalue les données de la littérature pertinentes et controversées concernant la place de la radiothérapie dans la prise en charge locorégional des femmes atteintes du cancer du sein triple négatif (CSTN). A la vue de la forte association entre la mutation BRCA1 et les CSNT, la connaissance du statut mutationnel peut être utile à la prise de décisions des traitements locorégionaux. Les CSTN ne représentent pas une contre-indication à la chirurgie conservatrice car les données montrent une augmentation du risque de récidive locorégionale (comparativement aux sous types luminal) indépendant du type de chirurgie (mastectomie ou chirurgie conservatrice). De même, une surimpression de dose sur le lit de tumorectomie doit être proposée après irradiation de la glande mammaire. Les CSTN ne doivent pas être la seule indication d’irradiation post mastectomie et la place de la radiothérapie accélérée doit faire l’objet d’étude clinique. Les données préliminaires concernant la relative radiorésistance des CSTN n’implique de surseoir à la radiothérapie, car elle permet une réduction du risque absolue de récidive locorégionale. De nos jours, l’intégration des différents sous types moléculaires dans le management de la maladie locorégional est encore à ses balbutiements. Dans l’attente d’un niveau de preuve de niveau 1 concernant les sous types moléculaires, le traitement standard de la malade locorégional doit être respecté.

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PROSTATE

High-dose radiotherapy with short-term or long-term androgen deprivation in localised prostate cancer (DART01/05 GICOR): a randomised, controlled, phase 3 trial

Radiothérapie hautes doses avec suppression androgénique de courte ou longue durée dans les cancers de la prostate localisés (DART01/05 GICOR): essai de phase III randomisé contrôlé

Lancet Oncology, Mars 2015

Almudena Zapatero, Araceli Guerrero, Xavier Maldonado et al

Auteur du résumé : Kim Cao

Contexte : La radiohormonothérapie est une option thérapeutique validée dans les cancers de prostate à haut risque et à risque intermédiaire. Différentes durées d’hormonothérapie (HT) en association à l’irradiation prostatique délivrée à haute dose (HD) ont été évaluées prospectivement (GETUG 14). L’étude présentée est l’une des premières à comparer deux schémas d’HT (courte vs longue) avec la radiothérapie prostatique HD

Méthodes : Il s’agissait d’un essai de phase III multicentrique randomisé contrôlé de supériorité, ayant inclus des patients avec adénocarcinome prostatique T1c-T3bN0M0 de risque intermédiaire ou de haut risque (critères NCCN 2005). Ils étaient randomisés (1 :1) entre le bras HT courte (goséréline en sous-cutané pendant 2 mois en néo-adjuvant et 2 mois pendant l’irradiation) ou longue (le même schéma d’HT prolongé de 24 mois) en association à la radiothérapie conformationnelle 3D prostatique haute dose (76 à 82 Gy dans la prostate, 56 Gy aux vésicules séminales). Le critère principal était la survie sans rechute biochimique. Les critères secondaires étaient la survie globale à 5 ans, la survie sans métastase à 5 ans et la tolérance

Résultats : Entre 11/2005 et 12/2010, 355 patients ont été inclus (bras HT courte n = 178, bras HT longue n = 177). Avec un suivi médian de 63 mois [50 – 82], la survie sans récidive biochimique à 5 ans était significativement plus élevée dans le bras HT longue que dans le bras HT courte (90% [IC95% 87–92] vs 81% [78–85]; HR 1,88, [IC95% 87–92] 1,12–3,15, p=0,01). Les survies globale et sans métastase à 5 ans étaient également significativement plus élevées dans le bras HT longue (respectivement 95 vs 86%, p=0,009, et 94 vs 83%, p=0,01). Ce bénéfice concernait le sous-groupe à haut risque. Il n’y avait pas de différence en termes de toxicité rectale et urinaire grades 3-4 à long terme entre chaque groupe

Implication pour la pratique clinique / limites : Cet essai est le premier à montrer qu’une déprivation androgénique poursuivie pendant 24 mois après la radiothérapie prostatique HD, vs un schéma d’HT court, permet d’obtenir un bénéfice en termes de rechute biochimique qui se traduit en bénéfice clinique, néanmoins avec une durée de suivi qui doit être prolongée. La durée d’HT en association à l’irradiation prostatique HD pour les cancers de prostate de risque intermédiaire reste à préciser, éventuellement dans un essai dédié. On note enfin que l’irradiation était conformationnelle 3D et n’utilisait pas les techniques récentes de modulation d’intensité

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POUMON

Use of thoracic radiotherapy for extensive stage small-cell lung cancer: a phase 3 randomised controlled trial

Radiotherapie thoracique dans les cancers bronchiques à petites cellules étendus : Etude de phase III randomisée et contrôlée

Lancet, Janv 2015

Slotman BJ, van Tinteren H, Praag JO

Auteur du résumé : Paul Lesueur

Contexte : La plupart des Cancers bronchiques à petites cellules (CBPC) se manifestent à des stades localement avancés ou métastatiques. Bien que le CBPC soit chimio-sensible, il persiste souvent une atteinte thoracique après chimiothérapie d’induction et irradiation encéphalique prophylactique (IPC). Les patients récidivent alors rapidement. Nous évaluons donc l’intérêt d’une radiothérapie thoracique chez ces patients

Méthodes : Nous avons mené une étude de phase III contrôlée multicentrique, incluant tout patient présentant un CBPC localement avancé ou métastatique ayant reçu 4 à 6 cycles de chimiothérapie à base de platine, et dont le volume tumoral thoracique post chimiothérapie autorisait la réalisation d’une radiothérapie thoracique 2D ou 3D. Selon une randomisation 1:1, les patients étaient soit assignés à une radiothérapie thoracique de 30Gy en 10 fractions sur le volume tumoral thoracique plus une IPC, soit à une IPC seule. Le critère de jugement principal était la survie globale (OS) à 1 an. Le contrôle local, la survie sans progression (PFS), la survie globale à 18 et 24 mois étaient également évalués

Résultats : Entre 2009 et 2012, 249 patients ont été randomisés dans chaque groupe. La survie globale à 1 an n’était pas significativement différente entre les groupes : 33% Vs 28% (HR 0,84, 95%CI 0,69-1,01,p=0,066). A 18 et 24 mois les OS dans le bras radiothérapie étaient significativement augmentées à 16 et 13% Vs 9 et 3% dans le bras contrôle. De même la radiothérapie thoracique augmentait la PFS d’un mois. Par ailleurs, il n’a pas été rapporté de surcroit de toxicité

Implication pour la pratique : En pratique, même si l’objectif principal de l’étude n’est pas rempli, l’ajout d’une radiothérapie thoracique quelle que soit la qualité de la réponse (bonne, complète, ou partielle) à la chimiothérapie d’induction, semble apporter un bénéfice clinique en terme de PFS mais surtout en terme d’OS à 18 et 24 mois, et ce sans surcroit de toxicité. La dose de 30 Gy en 10 fractions, offre un bon équilibre efficacité/tolérance, mais est discutable. L’augmentation des doses de radiothérapie doit donc être investiguée tout comme la réalisation d’une radiothérapie des sites extra-thoracique dans le cadre d’une maladie oligo-métastatique. En outre, pour espérer de meilleurs résultats, il faudra mieux sélectionner la population à traiter : les patients présentant un faible volume résiduel tumoral thoracique alors qu’il persiste de volumineuses lésions hépatiques tirent-il réellement bénéfice de cette irradiation ?

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OLIGO-METASTASES

Survival and prognostic factors in 321 patients treated with stereotactic body radiotherapy for oligo-metastases

Facteurs pronostiques et de survie pour 321 patients traités par radiothérapie stéréotaxique dans le cas d’oligo-métastases

Radiother Oncol, Fev 2015

Mette Marie Fode, Morten Hoyer

Auteur du résumé : Sarah Molina

Contexte : De nombreuses études ont prouvé l’intérêt de traiter localement les oligo-métastases de cancers colo-rectaux (CCR) ou non CCR. En effet, la chirurgie des oligo-métastases, augmentent la survie globale des patients. La radiothérapie stéréotaxique (SBRT) est un traitement local qui peut s’envisager en cas de contre-indication chirurgicale. Cette étude a pour objectif d’identifier des facteurs permettant de sélectionner les patients qui auront un bénéfice en terme de survie globale (SG) à être traiter par SBRT pour le traitement de leurs oligo-métastases

Matériel et méthodes : 321 patients consécutifs, contre-indiqués chirurgicalement ou pour une radiofréquence, ont été inclus entre février 2000 et juin 2013. 587 métastases, dont 201 métastases de CCR, ont été traitées par SBRT. La majorité des métastases étaient des lésions hépatiques (212) ou pulmonaires (92). 162 patients avaient une métastase unique et seulement, 8 patients avaient deux organes différents atteints. Les doses étaient initialement de 15Gy en 3 séances (BED10 72 Gy). Puis, l’acquisition de nouvelles techniques (comme le cone beam CT) a permis une escalade de dose pour les métastases pulmonaires à 22.5 Gy en 3 séances (BED10 159 Gy) et des métastases hépatiques de 18,75 à 25 Gy en 3 séances (BED10 111 à 195 Gy). L’étalement était de 5 à12 jours

Résultats : Le suivi médian était de 5 ans. 2 ans après SBRT , 13% des patients ont récidivé localement (IC 95% 10-17%). En analyse univariée, une BED10 >100 Gy (HR 0.34 IC95% 0.17-0.62 p<0.001) et la localisation pulmonaire des métastases (HR 0.38 IC95% 0.27-0.85 p<0.01) étaient significativement associées à une diminution des récidives locales. La SG médiane était respectivement de 80%, 39%, 23% et 12% à 1, 3, 5 et 7,5 ans après SBRT. En analyse multivariée, le performans status PS 0-1 (HR 0,49 ; p‹0.001), l’existence d’une métastase unique (HR 0,75 ; p=0,049), des métastases de taille ≤30mm (HR 0,53 ; p=0,001), la présence de métastases métachrones (HR 0,71 p=0.02) et la chimiothérapie avant SBRT étaient indépendamment corrélés à une meilleure SG. La SG médiane était respectivement de 7.5, 2.8, 2.5, 1.7 et 0.8 ans avec 0, 1, 2, 3, ≥4 facteurs pronostiques défavorables. Dans le sous groupes CCR, seul 3 des 5 facteurs étaient significativement pertinents (PS, nombre de métastase, taille). En analyse univariée, la chimiothérapie post-SBRT est significativement associée à une amélioration de SG (2.3 versus 4.1 ans, HR 0.42 p<0.001)

Implication pour la pratique : Dans ce contexte, la SBRT semble apporter un bénéfice en terme de SG dans le traitement des oligo-métastases lorsque les facteurs prédictifs sus-cités sont présents. Néanmoins, en cas d’accumulation de mauvais facteurs, il faut réfléchir à l’indication de la SBRT. Les meilleures réponses observées concernaient les lésions pulmonaires. Pour les lésions hépatiques, les doses étaient elles suffisantes ? le ciblage était il assez précis ? Il faut rester prudent dans l’escalade de dose dans ce site car dans cette étude, 3 décès pourraient être liés à la SBRT hépatique. De plus, la combinaison chimiothérapie et SBRT semble à privilégier par rapport à la SBRT seule. Pour les patients avec des métastases atteignant plusieurs organes, il faudra rester prudent car cette étude ne regroupait que 8 patients dont 2 sites étaient touchés

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