SFjRO Veille bibliographique N°17 - Aout 2015

Voici la dix-septième édition de notre veille bibliographique!

Dans cette édition, vous retrouverez les résumés suivants :

- Irradiation mammaire interne et sus-claviculaire dans le cancer du sein, soumis par Thomas Leroy de Lille,

- Radiothérapie courte néaoadjuvante suivie par une microchirurgie endoscopique transanale pour le cancers rectaux extra-peritoneaux T1-T2 N0: Résultats d’une etude prospective, soumis par Remy Kinj de Nice,

- Différence de point de vue entre le pneumologue, le chirurgien thoracique et l’oncologue radiothérapeute dans la prise en charge de cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules de stade I : une expérience binaire, soumis par Guillaume Janoray de Tours,

- Radiochimiothérapie néo adjuvante suivie de chirurgie Versus chirurgie seule pour cancer de l’œsophage et de la jonction œsogastrique : résultats à long terme de l’étude CROSS, soumis par Paul Lesueur de Caen,

- Efficacité d’une dose prophylactique ganglionnaire de 36 Gy dans les cancers du canal anal, soumis par Alexis Lepinoy de Dijon

Tous les membres de la SFjRO sont invités à participer à cette veille. Vous pouvez proposer vos résumés à l'adresse contact@sfjro.fr. Pour que votre travail soit accepté, il doit être rédigé en respectant la charte éditée par la SFjRO qui se trouve à cette adresse.

Bonne lecture!

Alexandre

SEIN

Internal Mammary and Medial Supraclavicular Irradiation in Breast Cancer

Irradiation mammaire interne et sus-claviculaire dans le cancer du sein

New England Journal of Medicine, Juil 2015

Poortmans PM, et al. EORTC Radiation Oncology and Breast Cancer Groups

Auteur du résumé : Thomas Leroy

Contexte : Etudier l’impact de l’irradiation ganglionnaire (mammaire interne et sus-claviculaire) en complément de l’irradiation mammaire ou pariétal sur la survie des patientes atteintes de cancer du sein de stade précoces.

Méthodes : Les patientes porteuses d’une tumeur centrale ou médiane du sein ont été randomisées, indépendamment de l’envahissement axillaire, entre une irradiation de la paroi ou de la glande mammaire seule ou accompagnée d’une irradiation des aires ganglionnaires sus-claviculaire et mammaire interne. Le critère de jugement principal était la survie globale. Les critères de jugement secondaires étaient les taux de survie sans maladie, de survie sans maladie métastatique et de décès par cancer du sein.

Résultats : Entre 1996 et 2004, 4004 patient ont été randomisées. La majorité des patientes étaient opérées par mastectomie partielle (76,1%). Après mastectomie totale, 73,4% des patientes ont reçu une irradiation pariétale. Presque toutes les patientes avec un envahissement ganglionnaire (99%) ont reçu un traitement adjuvant systémique contre 66,3% dans le bras sans envahissement ganglionnaire. Après un suivi médian de 10,9 ans, 811 patientes sont décédées. A 10 ans, la survie globale était de 82,3% dans le groupe avec irradiation ganglionnaire contre 80,7% dans le groupe contrôle (HR 0,87 IC95% : 0,76 – 1,00, p=0,06). Les taux de DFS, Survie sans métastase et de mortalité liée au cancer du sein étaient respectivement de 72,1%, 78,8%, 12,5% contre 69,1% (HR 0,89 IC95% : 0,80 – 1,00, p=0,04), 75,0% (HR 0,86 IC95% : 0,76 – 0,98, p=0,02), 14,4% (HR 0,82 IC95% : 0,70 – 0,97, p=0,02).

Implication pour la pratique clinique / limites : Le NEJM a consacré un éditorial et a publié deux études importantes sur l’irradiation ganglionnaire. Cette étude et celle de Wheelan confirme l’intérêt de l’irradiation des aires ganglionnaires sur la survie sans maladie, cependant l’impact sur la survie globale n’est pas prouvé. Ces résultats sont également à pondérer du fait de la période d’inclusion de l’étude et de l’amélioration actuelle des traitements adjuvants. Le choix de l’irradiation ganglionnaire devra être individualisé en prenant en compte les facteurs de risque de la patiente, ses comorbidités et le bénéfice potentiel de l’irradiation.

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RECTUM

Results of Neoadjuvant Short-Course Radiation Therapy Followed by Transanal Endoscopic Microsurgery for T1-T2 N0 Extraperitoneal Rectal Cancer.

Radiothérapie courte néaoadjuvante suivie par une microchirurgie endoscopique transanale pour les cancers rectaux extra-peritoneaux T1-T2 N0 : Résultats d’une etude prospective.

International Journal of Radiation Oncology, Juil 2015

PAlberto Arezzo, Simone Arolfo MD, Marco Ettore Allaix and al.

Auteur du résumé : Rémy Kinj

Contexte : Depuis son introduction en 1983 par Buess et al, la microchirurgie endoscopique transanale a su s’imposer comme technique standard dans de nombreux centres pour la résection de tumeurs rectales précocement diagnostiquées chez des patients sélectionnés de stade T2N0 ou moindre. Le but de cette étude est d’évaluer le devenir à cout terme de patients bénéficiant d’une irradiation courte suivie d’une microchirurgie endoscopique transanale pour des cancers rectaux T1-T2 N0 extrapéritonéaux.

Méthodes : : Une étude pilote monocentrique prospective, incluant 25 patients consécutifs présentant un adénocarcinome rectal T1-T2N0 M0 a été menée du 01 Juin 2011 à Janvier 2014. Une radiothérapie courte de 25Gy en 5 fractions , suivie d’une microchirurgie endoscopique transanale 4 à 10 semaines plus tard étaient pratiqués. La sécurité, l’efficacité, l’acceptabilité de cette modalité thérapeutique étaient comparées à des groupes historiques de patients de grades identiques traités soit par radiothérapie longue suivie de microchirurgie endoscopique transanale, soit par microchirurgie endoscopique transanale seule, soit par exerese totale du mésorectum par voie laparotomique.

Résultats : L’étude a été interrompue après traitement de 14 patients par schéma de radiothérapie courte suivie de microchirurgie endoscopique transanale. La durée médiane entre la radiothérapie courte et l’intervention endoscopique était de 7 semaines. Aucune complication préopératoire n’est survenue, un lâchage de suture a été observé chez 7 patients (50%) à 4 semaines de suivi, associé dans 2 cas à l’apparition d’ une fistule entérocutanée dans l’aire sacrée. Un patient a nécessité une colostomie. La qualité de vie à 1 mois de suivi évaluée selon le score de survie QLQ-C30 de l’EORTC était significativement dégradée dans le groupe schéma de radiothérapie courte suivie de microchirurgie endoscopique transanale (p=0.02777). Sur les 14 patients traités, une récidive locale à 6 mois a été observée dans ce même groupe.

Implication pour la pratique clinique / limites : Dans cet essai, la réalisation d’un schéma court de radiothérapie suivie d’une microchirurgie endoscopique transanale chez des patients présentant un adénocarcinome rectal T1-T2N0M0 a été stoppé en raison de la survenue fréquente de lâchages de sutures douloureux et de l’apparition de fistules enterocutanées. Malgré la réalisation d’une radiothérapie hypofractionnée impliquant moins de déplacements pour le patient et la réalisation d’une chirurgie moins invasive, nous constatons une détérioration de la qualité de vie à 1 mois et des complications fréquentes et graves.

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POUMON

Differences between pulmonologists, thoracic surgeons and radiation oncologists in deciding on the treatment of stage I non-small cell lung cancer: A binary choice experiment.

Différence de point de vue entre le pneumologue, le chirurgien thoracique et l’oncologue radiothérapeute dans la prise en charge de cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules de stade I : une expérience binaire.

Radiother Oncol, Juin 2015

Hopmans W, Zwaan L, Senan S et al

Auteur du résumé : Guillaume JANORAY

Contexte : La chirurgie reste le standard dans la prise en charge des cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules (CBPNPC) de stade I, mais la radiothérapie stéréotaxique prend une place de plus en plus importante dans le traitement des patients à haut risqué de complications chirurgicales. Nous avons étudiez quels sont les facteurs influençant l’application des recommandations selon les médecins.

Méthodes : Une expérience binaire à partir de cas hypothétiques a été réalisée. Les cas variaient selon cinq paramètres : Age, BPCO, comorbidités, Performans Status (PS) et la préférence du patient (chirurgie/stéréotaxie). Les caractéristiques des médecins ont été recueillies. Les réponses ont été analysées en utilisant des modèles linéaires mixés.

Résultats : 126 médecins ont participé à l’étude. Toutes les caractéristiques relatives aux patients, la spécialité du médecin, et si les médecins considéraient les résultats de la chirurgie comparables à ceux de la stéréotaxie, influençaient de manière significative les recommandations de traitement. Les pneumologues étaient le plus influencés par le PS et les comorbidités, alors que les chirurgiens et les radiothérapeutes étaient plus influencés par les comorbidités et l'âge du patient. Les médecins ont été le moins influencés par la préférence du patient et de la sévérité de la BPCO.

Implication pour la pratique clinique / limites : Cette étude suggère que davantage d'efforts sont nécessaires pour développer des approches uniformes pour appliquer les recommandations de traitement, et aussi pour intégrer les préférences du patient lors de la prise des décisions de traitement des CBPNPC de stade I.

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OESOPHAGE

Neoadjuvant chemoradiotherapy plus surgery versus surgery alone for oesophageal or junctional cancer (CROSS): long-term results of a randomised controlled trial.

Radiochimiothérapie néo adjuvante suivie de chirurgie Versus chirurgie seule pour cancer de l’œsophage et de la jonction œsogastrique : résultats à long terme de l’étude CROSS.

The Lancet, Août 2015

Shapiro.J, Van Lanschot.J , et al.

Auteur du résumé : Paul Lesueur

Contexte : Evaluer les résultats à long terme (5 ans) d’une radio chimiothérapie neoadjuvante par Carboplatine-paclitaxel, suivie d’une chirurgie chez les patients présentant un cancer de l’œsophage ou de la jonction gastro œsophagienne.

Méthodes : Il s’agit d’une étude de phase III, multicentrique, réalisée entre 2004 et 2008 ayant randomisé 368 patients de moins de 75 ans entre une radio-chimiothérapie neoadjuvante par Carboplatine AUC2 / Paclitaxel 50mg/m2 hebdomadaires et 41.4Gy délivrés en 23 fractions de 1.8Gy suivie d’une chirurgie et une chirurgie seule. Seules les tumeurs classées T1N1M0 ou T2-3 N0-1 M0 étaient incluables.

Résultats : 178 patients ont été randomisés dans le bras radio chimiothérapie et 188 dans le bras chirurgie seule. La survie à 5 ans pour le groupe ayant reçu un traitement multimodal est de 47% contre 33% pour le bras chirurgie seule (HR 0·67 [0·51–0·87]). La médiane de survie est de 48,6 mois pour le bras radio chimiothérapie contre 24 mois pour le bras chirurgie seule (HR 0·68 [95% CI 0·53–0·88]). Cette différence est encore plus marquée pour les carcinomes épidermoïdes avec une survie globale à 81.6 mois versus 21.1 mois (HR 0·48 [95% CI 0·28–0·83]). Le nombre de récidives loco régionales est nettement plus faible chez les patients ayant reçu un traitement néo adjuvant (39 Versus 72)

Implication pour la pratique clinique / limites : Les résultats à 5 ans de l’étude CROSS confirment les résultats de la publication initiale des premiers résultats. La radio chimiothérapie neoadjuvante par Carboplatine/Paclitaxel améliore le pronostic des patients présentant une tumeur œsophagienne localisée et ce quelque soit l’histologie. Le traitement multimodal permet de diminuer les récidives à distance durant les 24 premiers mois puis cet effet s’estompe, tandis que l’impact sur la récidive locorégional persiste à 5 ans. L’analyse des données à 5 ans conforte ce schéma thérapeutique comme le standard de prise en charge des tumeurs œsophagiennes ou de la jonction œsogastrique de stades localisés.

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CANAL ANAL

Evaluation of a 36Gy elective node irradiation dose in anal cancer.

Efficacité d’une dose prophylactique ganglionnaire de 36 Gy dans les cancers du canal anal.

Radiother Oncol, Aout 2015

LEPINOY A. et al.

Auteur du résumé : Alexis Lepinoy

Contexte : L’objectif de cette étude est d’analyser rétrospectivement l’efficacité d’une dose prophylactique ganglionnaire de 36 Gy et de décrire les sites de récidive chez les patients traités pour un cancer anal par radio-chimiothérapie à l’aide d’un protocole de radiothérapie homogène.

Matériel et méthodes : De janvier 1996 à décembre 2013, 142 patients atteints d’un carcinome épidermoïde du canal anal ont reçu une dose prophylactique de 36 Gy sur les territoires ganglionnaires inguinaux et pelviens délivrée sur 4 semaines. Après une période de repos de 2 semaines, un complément de dose de 23,4 Gy était délivré en 17 jours sur la maladie macroscopique initiale. Une injection de mitomycine C était administrée au jour 1 de chaque séquence de RT en association avec soit du 5-fluorouracil, de la capécitabine ou du cisplatine.

Résultats : Les stades de la maladie étaient repartis ainsi I: 3, II: 78, IIIA: 23, IIIB: 38. La compliance au traitement était de 97,2% pour la radiothérapie, et 87,9% pour la chimiothérapie. Après un suivi médian de 48 mois [3,6-192], la survie globale estimée et la survie sans colostomie à 5 ans étaient de 75,4% et 85,3% respectivement. Onze patients (7,7%) n'ont jamais présenté de réponse complète, 15 ont récidivé localement et 5 niveau régional. Un patient a récidivé au niveau du territoire ganglionnaire iliaque commun, en dehors des volumes de traitement. Le taux de contrôle ganglionnaire inguinal était de 98,5%. Le taux de contrôle local et régional à 5 ans étaient de 81,5% et 96,0%, respectivement.

Implication pour la pratique clinique / limites : La radio-chimiothérapie avec une dose prophylactique de 36 Gy permet un excellent taux de contrôle de la maladie micro métastatique ganglionnaire. Toutefois il est nécessaire d'améliorer le taux de contrôle de 5 ans de la tumeur primitif. Omettre le gap de 16 jours, utiliser des doses plus élevées par fraction ou hyper-fractionner le traitement sont des axes de recherches à explorer.

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La veille bibliographique de la SFjRO est rendue possible par le soutien des laboratoires Janssen
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