SFjRO Veille bibliographique N°8 - Janvier 2014

Voici la huitième édition de notre veille bibliographique!

Dans cette édition, vous retrouverez les résumés suivants :

- Recommandations pratiques de contourage des glandes salivaires , soumis par Jean-Christophe Faivre de Nancy,

- Prédire l'œsophagite après radiochimiothérapie dans le cancer du poumon, soumis par Baptiste Pichon de Nantes,

- Contraintes de dose à l’aorte lors des réirradiations intra-thoraciques, soumis par Jonathan Khalifa de Toulouse,

- L'émetteur alpha Radium 223 et survie dans le cancer de prostate métastatique, soumis par Thomas Leroy de Lille,

- Mitomycine ou Cisplatine en radiochimiothérapie dans la prise en charge des carcinomes épidermoïdes du canal anal, sousmis par Alexis Lepinoy de Besançon

Tous les membres de la SFjRO sont invités à participer à cette veille. Vous pouvez proposer vos résumés à l'adresse contact@sfjro.fr. Pour que votre travail soit accepté, il doit être rédigé en respectant la charte éditée par la SFjRO qui se trouve à cette adresse.

Bonne lecture!

Thomas et Baptiste

TETE ET COU

A Pragmatic Contouring Guideline for Salivary Gland Structures in Head an Neck Radiation Oncology. The MOIST Target.

Recommandations pratiques de contourage des glandes salivaires pour la radiothérapie oncologique des tumeurs de la tête et du cou

American Journal of Clinical Oncology

Franck Hoebers, Eugene Yu, Avi Eiscbruch et coll

Auteur du résumé : Jean-Christophe Faivre

Contexte : la xérostomie est l’une des principaux effets secondaires de la radiothérapie oncologique des tumeurs de la tête et du cou. Dans plusieurs études rétrospectives, la diminution des doses délivrées aux glandes salivaires a montré une diminution des dysfonctions des glandes salivaires. Cependant, il n’existe pas de recomandations claires pour la délinéation des glandes salivaires sur l’imagerie en coupe. Cette article décrit de manière pratique le coutourage des glandes salivaires majeures et mineures.
Méthodes : à partir de l’anatomie normale, les localisations exactes des glandes salivaires majeures et mineures ont été décrites sur l’imagerie en coupe.
Résultats : les glandes salivaires majeures incluent les parotides et les glandes sub-mandibulaires. Les glandes salivaires mineures incluent les glandes sub-linguales et les glandes salivaires accessoires sur la muqueuse linguale, les palais dur et mou, la muqueuse buccale et la partie muqueuse des lèvres.

Implication pour la pratique clinique / limites : ce guide pratique de contourage devrait permettre de réduire la variabilité inter-observateur de délinéation des glandes salivaires. Cela devrait également permettre de mieux comprendre la relation entre les doses d’irradiation et les effets sur la fonction salivaire notamment pour les glandes salivaires mineures dont l’impact de la radiothérapie sur la fonction salivaire est mal connu
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POUMON

CPredicting Esophagitis After Chemoradiation Therapy for Non-Small Cell Lung Cancer: An Individual Patient Data Meta-analysis

Prédire l'œsophagite après radiochimiothérapie dans le cancer du poumon non à petites cellules : méta-analyse de données individuelles de patients

nternational Journal of Radiation Oncology Biology and Physics (11 Septembre 2013)

David A. Palma,Suresh Senan, Cary Oberije, et al.

Auteur du résumé : Baptiste Pichon

Contexte : La radiochimiothérapie concomitante (RCTC) améliore la survie du cancer du poumon non à petites cellules localement avancé, en comparaison au traitement séquentiel, mais il augmente la toxicité, en particulier l'œsophagite radique (OR).  L’objectif était de déterminer les facteurs prédictifs cliniquement significatifs d’OR.

Matériel et méthodes : Une méta-analyse a référencé les données individuelles de 1082 patients ayant reçu une RCTC.  Les facteurs prédictifs d’OR (grade ≥ 2 et 3) ont été évalués par modélisation logistique et statistique de concordance afin d’évaluer leur performance.

Résultats :La dose médiane de radiothérapie délivrée était de 65 Gy. La plupart des patients (91%) avait reçu une RCTC à base de platine. 348 patients (32,2%) avaient une OR grade 2, 185 (17,1%) grade 3, 10 (0,9%) grade 4. Aucun décès n'a été secondaire à une OR. En analyse multivariée, le volume œsophagien recevant ≥ 60 Gy (V60) était le meilleur facteur prédictif d’OR de grade ≥ 2 et 3. Trois groupes d’OR à risque ont été identifiés : faible (V60 <0,07%), intermédiaires (V60 0,07% à 16,99%) et élevé (V60 ≥ 17%). 

Implication pour la pratique : Le V60 semble être le meilleur facteur prédictif d’OR. Les efforts pour réduire le V60 devraient être prioritaires.

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THORAX

Contraintes de dose à l’aorte lors des réirradiations intra-thoraciques;

Aortic dose constraints when reirradiating thoracic tumors

Radiotherapy and Oncology

Evans JD, Gomez DR, Amini A et al. (MDACC, Houston, Texas, USA)

Auteur du résumé : Jonathan Khalifa

Les réirradiations thoraciques sont fréquemment envisagées du fait des avancées techniques majeures et des survies allongées des carcinomes bronchiques non à petites cellules (CBNPC). Néanmoins, peu de données existent sur les contraintes de dose aortique.

Matériel et méthodes : Etude rétrospective menée à partir de 35 patients primo-irradiés entre mars 1993 à août 2008 pour un CBNPC, réirradiés pour récidive loco-régionale avec plus d’un an de suivi. Pour les deux plans de traitement, un segment d’aorte devait être inclus dans les champs d’irradiation. La dose maximale cumulée pour 1cm3 d’aorte était déterminée (dose composite), ainsi que la dose biologique équivalente cumulée en fractions de 1.8Gy, corrigée par un facteur de restitution tissulaire entre les deux irradiations (NIDR pour Normalized Isoeffective Dose with Recovery factor). Cette dose était corrélée à la toxicité aortique de grade 5 (hémoptysie, déglobulisation, anévrysme, dissection).

Résultats : Le suivi médian était de 42 mois (14-70), et l’intervalle médian entre les 2 traitements était de 30 mois (1-185). La toxicité aortique de grade 5 (2 patients sur 35) était associée significativement à une dose composite ≥ 120 Gy (25% des patients recevant ≥ 120 Gy vs. 0% des patients < 120 Gy, p=0.047) et une NIDR ≥ 90 Gy (29% des patients ≥ 90 Gy vs. 0% des patients < 90 Gy, p=0.035). p

Implications pour la pratique/limites : Cette étude suggère l’existence d’un seuil de toxicité aortique lors des réirradiations thoraciques. Néanmoins, son applicabilité clinique est à pondérer par le faible effectif, et par un modèle radiobiologique de restitution tissulaire imparfait puisque calqué, faute de données pour l’aorte, sur celui de la moëlle épinière.

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PROSTATE

Alpha emitter radium-223 and survival in metastatic prostate cancer

L'émetteur alpha Radium 223 et survie dans le cancer de prostate métastatique.

New England Journal of Medecine

Parker C. et al

Auteur du résumé : Sarah Molina

Contexte : Le radium 223 est un émetteur alpha qui cible spécifiquement les métastases osseuses.
Le but de cette étude était de comparer l’efficacité et la tolérance du radium 223 versus placebo chez les hommes ayant un cancer de prostate résistant à la castration métastatique au niveau osseux en association au traitement de référence.


Méthodes : Cette étude de phase 3 randomisée en double aveugle, contrôlée versus placebo, a inclus 921 patients qui avaient reçu, avaient refusé ou n’étaient pas éligibles au docetaxel. Ils ont été randomisés selon un ratio 2 :1 pour recevoir 6 injections de radium-223 (Dose de 50mBq/kg en IV) ou 6 injections de placebo, une injection toutes les 4 semaines. Les patients recevaient également le traitement de référence. L’objectif principal était la survie. Les objectifs secondaires le temps jusqu’au premier évenement osseux et divers objectifs biologiques. Une analyse intermédiaire a été effectuée après 314 décès et une nouvelle analyse après 528 avant le crossover du placebo au radium 223


Résultats : Lors de l’analyse intermédiaire, 809 patients ont été inclus, le radium 223 améliorait significativement la survie globale vs placebo ( 14 mois vs 12 mois RR 0,70 ; IC95% 0,55-0,88 p=0,002).
La deuxième analyse concernant 921 patients confirme le bénéfice en survie (14.9 mois vs. 11.3 mois; RR, 0.70; IC95%, 0.58 to 0.83; P<0.001). Il existait également une amélioration significative de tous les objectifs secondaires avec le radium 223. Le radium 223 entraîne une légère myèlosuppresion et peu d’effets indésirables


Implication pour la pratique : Cet essai montre clairement un bénéfice du radium 223 sur la survie des patients ayant un cancer de prostate hormono-résistant avec métastases osseuses. Ce traitement semble pour le moment limité par la capacité actuelle d’accueil des services de médecine nucléaire.

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DIGESTIF

Mitomycin or cisplatin chemoradiation with or without maintenance chemotherapy for treatment of squamous-cell carcinoma of the anus (ACT II): a randomised, phase 3, open-label, 2×2 factorial trial

Mitomycine (MMC) ou Cisplatine (CDDP) en radiochimiothérapie, avec ou sans maintenance, dans la prise en charge des carcinomes épidermoïdes du canal anal (ACT II) : Un essai randomisé de phase III, ouvert, en plan factoriel 2x2

Lancet Oncology

Roger D. James et al

Auteur du résumé : Alexis Lepinoy

La radiochimiothérapie (RCT) est devenue le traitement de référence du cancer du canal anal depuis la publication d’ACT I. Cependant, seul 2/3 des patients sont contrôlés localement, avec une survie globale à 5 ans de 50% ; par conséquent les traitements doivent être améliorés. Nous avons étudié si le remplacement du MMC par le CDDP dans la RCT améliore la réponse, et si la chimiothérapie de maintenance après RCT améliore la survie.

Matériel et méthodes :Dans ce plan factoriel 2X2, nous avons inclus des patients avec carcinomes épidermoïdes du canal anal issue de 59 centres en Grande Bretagne. Les patients ont été randomisés dans un des quatre groupes, pour recevoir soit de la MMC (12 mg/m2 jour 1) soit du CDDP (60 mg/m2  J1 et 29), avec du 5FU (1000 mg/m2/j,  J1-4 et 29-32) et la radiothérapie (50·4 Gy, 1,8/f) ; avec ou sans deux cures de chimiothérapie de maintenance (FU/CDDP - S11 et 14). La randomisation a été faite par minimisation et la stratification a porté sur le stade T, N, le sexe, l’age, et la fonction rénale. Les critères de jugements principaux étaient le taux de réponse complète à 26 semaines, les effets secondaires aigues et la PFS (pour la maintenance).


Résultats : 940 patients ont été inclus: 472 ont été assignés au traitement par MMC, parmi lesquels 246 étaient dans le bras sans maintenance, et 226 avec maintenance ; 468 ont été assignés au traitement par CDDP, 246 étaient sans de maintenance et 222 avec maintenance. Le suivi médian était de 5,1 ans (3,9 – 6,9). 90,5% des patients dans le bras MMC vs 89,6% dans le bras CDDP étaient en réponse complète à 26 semaines (p=0,64). Les toxicités confondues sont identiques dans chaque groupe (71% vs 72%) avec comme toxicités de grade 3-4 fréquentes : les épidermites (48% vs 47%), les douleurs (26% vs 29%), les toxicités hématologiques (26% vs 16%) et digestives (16% vs 18%). La PFS à 3 ans était de 74% pour le bras maintenance vs 73% en l’absence de maintenance [HR = 0,95 IC (0,75-1,21) ; p=0,7].


Implication pour la pratique : Les résultats de notre essai - le plus grand dans le cancer anal à cette date -  montre que la RCT (FU/MMC) délivrant 50,4 doit rester un traitement standard (en Grande Bretagne)

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